17 Avril 2019

Avec Vasarely, la tête dans le cosmos

L’espace est une source d’inspiration pour de très nombreux artistes, musiciens, danseurs, sculpteurs, peintres… Parmi eux, Victor Vasarely, un plasticien hongrois naturalisé français. Jusqu’au 6 mai 2019, le Centre Pompidou de Paris expose 300 de ses œuvres. Des tableaux et sculptures pour partie inspirées de la science et des forces physiques qui parcourent notre univers.

1982. Le spationaute Jean-Loup Chrétien devient le premier Français dans l’espace. Il passe une semaine à bord de la station spatiale soviétique Saliout 7, à quelques 250 kilomètres au-dessus de la Terre. Dans sa valise, le spationaute a emporté 154 sérigraphies (dessins) de Victor Vasarely (1906-1997), plasticien français d’origine hongroise ! Une initiative étonnante qui permet de donner plus de valeur à ces œuvres. Car, de retour sur Terre, elles seront vendues au profit de l’Unesco. Ces sérigraphies s’appellent « Cosmos ». Et ça n’est pas un hasard.
« Cette histoire est anecdotique dans la carrière de Vasarely, explique Arnauld Pierre, commissaire de l’exposition Vasarely, le partage des formes, présentée au Centre Pompidou à Paris. Mais elle montre bien l’intérêt que l’artiste avait pour l’espace. »

Rayons gamma et supernova

Le cosmos se retrouve d’ailleurs dans les titres de plusieurs œuvres de Vasarely : "Gamma" (de la série Constellations) comme ces rayons cosmiques qui traversent l’univers ;  "Paysages interstellaires", "Métagalaxies" ou encore "Supernovae". « Ces toiles, précise Arnauld Pierre, ne représentent pas un rayon gamma ou une galaxie. Il s’agit bien d’art abstrait. Pourtant, quand on les regarde, on voit tout de suite la référence. "Supernovae", représente une grille, en noir et blanc, qui se déforme par endroit grâce à des jeux d’optiques. On imagine bien une étoile qui se contracte puis qui explose. » Comme une supernova, cette étoile qui finit sa vie dans une gigantesque explosion.

Einstein sur la table de chevet

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Les toiles de Victor Vasarely, ici exposée au Centre Pompidou à Paris, font voyager dans l'espace et le temps... Crédits : ©Centre Pompidou, Philippe Migeat

Victor Vasarely s’est toujours intéressé à la science, la physique et l’astrophysique notamment. Il lisait les livres de grands scientifiques du XXe siècle, tels qu’Albert Einstein, Louis de Broglie (mathématicien et physicien français), Werner Heisenberg (physicien allemand) ou encore Alexandre Dauvillier (physicien français). D'ailleurs, selon l'artiste certains de ses tableaux permettent de donner corps aux « mondes qui, jusqu’ici, ont échappé à l’investigation des sens : monde de la biochimie, de l’onde, des champs, de la relativité. »
Et vous, sur ces toiles, ne voyez-vous pas la naissance de planètes, de galaxies ? « Des sortes d’œufs cosmiques », selon la jolie formule d’Arnauld Pierre.


Le père de l'art optique

Victor Vasarely est né en 1906 en Hongrie. Il s’installe en France en 1930 où il débute comme publiciste. Il développe alors l’art abstrait géométrique, puis se tourne vers l’art cinétique (où une partie des œuvres est en mouvement) dans les années 50. A partir de 1965, il se consacre à l’art optique ou Op’art : grâce à des jeux de formes et de couleurs, il créé d’étranges illusions optiques.