70 cm ! C’est la résolution du duo de satellites Pléiades, lancés en 2011 et 2012. En orbite à 700 km d’altitude, ils prennent des images larges de 20 km dont chaque pixel représente un carré de 70 cm X 70 cm. Une véritable performance qui se rapproche de celle des satellites militaires. « Ce sont les premiers satellites civils d’imagerie optique à haute résolution en Europe », indique Philippe Kubik, chef du service Qualité image du CNES.
Avec Pléiades, il est possible de dresser des cartes plus précises d’occupation des sols, notamment de mieux identifier les bâtiments d’un territoire. Des informations utiles pour l’aménagement d’une ville ou pour l’intervention des secours en cas de catastrophes. Pléiades permet même de réaliser des vues en 3D.
Cette capacité, qui représente près de 40 % des acquisitions, restitue plus précisément les reliefs naturels. Pour étudier, par exemple, l’écoulement des eaux en surface.
Un regard d’aigle
Le successeur de Pléiades ira encore plus loin dans la précision et l’agilité. Son nom ? THR-NG (Très Haute Résolution de Nouvelle Génération).
Il est en cours de conception au CNES, pour un lancement prévu en 2022. D’une résolution 2 à 3 fois supérieure (25 à 30 cm environ), il sera capable de réaliser 3 000 images par jour, contre 1 000 à 1 500 images/jour pour le duo de Pléiades.
Il embarquera un grand télescope équipé d’une optique active en vol. Ce dispositif mesurera les défauts optiques et les corrigera tout au long de la mission en orbite. « Déjà connue en astronomie, l’optique active sera avec THR NG une première mondiale dans le domaine de l’observation de la Terre », s’enthousiasme Philippe Kubik. Sa fréquence de revisite, c’est-à-dire lorsque le satellite peut observer de nouveau une même zone, sera de 24h, comme pour Pléiades.

DES USAGES MULTIPLES
Très haute résolution, nombre d’images par jour et revisite, sont les atouts de THR-NG pour développer de nouveaux usages de l’imagerie spatiale. Les départements français, par exemple, sont survolés par avion tous les 3 ou 4 ans pour actualiser les cartes très détaillées de l’IGN (Institut National de Géographie). THR-NG permettra d’actualiser plus régulièrement ces cartes.
L’inventaire détaillé des zones de crises (catastrophes naturelles, conflits) sera amélioré par la disponibilité rapide d’images très précises. Une meilleure résolution permettra également d’affiner le trafic sur les voies de circulation d’un aéroport où se croisent les avions, mais aussi les véhicules d’entretien, les bus de transfert des passagers, etc. Plus les photos font dans le détail, plus large est l’éventail de leurs usages.