23 Juin 2017

Embarquez dans le monde de Valérian et Laureline pour un voyage au cœur de la bande-dessinée

De l'espace plein les bulles. Vaisseaux spatiaux, monstres venus d’autres planètes, mondes exotiques… À l’image des aventures de Valérian, déclinées aujourd’hui au cinéma par Luc Besson, dans « Valérian et la Cité des Mille Planètes », l’espace est une source d’inspiration inépuisable pour la bande-dessinée. À l’inverse, celle-ci influence également la réalité. Rencontrez les mondes et les héros qui invitent à explorer l’espace.

Des mondes foisonnants

L’astronomie, l’étude des astres, est la plus vieille des sciences. En même temps qu’elle s’est développée, l’imaginaire des hommes s’est aussi envolé. Rien d’étonnant à ce que la bande-dessinée explore elle aussi les possibles mondes qui nous entourent.

Des paysages grandioses

Direction, les planètes lointaines ! Pour créer ces mondes, les auteurs se réfèrent souvent aux régions sauvages de la Terre, en exagérant leurs caractéristiques : jungles luxuriantes, falaises sans fond et lacs improbables. Deux autres types de mondes stimulent les dessinateurs. Ce sont les planètes totalement desséchées et leurs opposées, celles recouvertes d’océans. Parfois, ces paysages existent, au sein même du Système solaire : Miranda, une lune d’Uranus, abrite des falaises de 12 km de haut. Titan, satellite de Saturne, comporte des lacs de méthane. Mars présente de grandes zones désertiques. Quant aux planètes-océans, Encelade et Callisto, respectivement satellite naturel de Saturne et de Jupiter, elles cachent sous une épaisse couche de glaces de gigantesques océans. Ce sont les sondes et robots qui nous ont révélées ces paysages.

Des planètes habitables

Quand ils ne sont pas équipés de combinaison high-tech, les héros de BD se promènent sur de lointaines planètes sans aucune difficulté pour respirer ou se mouvoir. Dans la réalité, nous n’avons pas encore découvert d’autres planètes sur lesquelles nous pourrions vivre ainsi.
Nos technologies nous permettent seulement de savoir si certaines planètes sont dans des zones dites « habitables ». Cela signifie que, dans cette zone, elles possèderaient une atmosphère et qu’elles recevraient ce qu’il faut de chaleur de leur étoile pour qu’il y ait de l’eau liquide, élément indispensable à la vie. Depuis 2010, les scientifiques ont identifié une dizaine de planètes répondant à ces critères. Les trois dernières découvertes, en février 2017, gravitent autour de l’étoile Trappist-1, située à 40 années-lumière de la Terre. Quant à la plus proche, il s’agit de Proxima b à 4,2 années-lumière, découverte le 24 août 2016. Un peu loin pour aller voir s’il y a de la vie là-bas.

La vie extraterrestre

Ils nous font peur ou nous attendrissent. Dans l’univers de la BD, les animaux prennent régulièrement des formes familières, inspirées des dinosaures, des mammifères, des insectes. La végétation y est aussi très diversifiée et souvent dangereuse. Ces mondes, forcément habitables, grouillent souvent de vie.
Dans la réalité, nous n’avons pas encore trouvé de traces de vie ailleurs que sur Terre. Pas de petits-bonshommes verts sur Mars, ni violets ailleurs.
Pour le moment, les seuls éléments liés à de la vie découverts hors de notre planète sont des molécules, comme celles détectées par la sonde Rosetta et son atterrisseur Philae sur la comète 67P/Tchourioumov-Guérassimenko. Elles contiennent du carbone et, avec la présence d’eau, pourraient être à l’origine de la vie. Mais aucune certitude encore.

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 Nul ne sait si des créatures comme les Doghan Daguis du film Valérian et La Cité des Mille Planètes, peuplent des mondes lointains. Crédits : © 2017 VALERIAN SAS - TF1 Films Production – Tous droits réservés.

De Valérian à la série Les mondes d’Aldébaran, les auteurs s’inspirent des milieux terriens mais aussi de lunes et planètes connues pour imaginer des mondes délirants.  Crédits : ©Leo, éd.Dargaud.

Une planche de BD ? Non. Une vue d’artiste de l’étoile naine TRappist, vue de la surface de l’une de ses trois planètes. Crédits : © ESO/M. Kornmesser.

A travers l’espace et le temps

En bande-dessinée, comme dans les films ou les romans, la science-fiction voyage dans l’espace et dans le temps. Vaisseaux surpuissants ou petits engins malins partiront-ils bientôt de nos astroports ?

Des rêves pas si fous

Pour explorer les mondes lointains, la bande-dessinée a inventé depuis longtemps les vaisseaux capables de dépasser la vitesse de la lumière. Certains, comme celui de Valérian, peuvent même voyager dans le temps ! « Avec Valérian, nous sommes dans la propulsion ultime, commente Frédéric Masson ingénieur concept à la Direction des lanceurs du CNES. Cela nous renvoie à nos limites actuelles. L’étoile la plus proche de nous, c’est Alpha du Centaure, à 4 années lumières de distance de la Terre.  Avec la propulsion actuelle, il faudrait plusieurs milliers d’années pour la rejoindre. » Les agences spatiales relèvent toutefois ces défis lancés par les auteurs. La NASA réfléchit par exemple à la possibilité d’utiliser des déformations de l’espace-temps !

Design et technique

A la fin des années 1960, les Comics américains (Flash, Flam…) mettaient eux aussi en scène un espace futuriste traversé d’engin supralumniques… plus ou moins farfelus. Certains vaisseaux imaginaires en revanche s’inspirent bel et bien de technologies réalistes. Aux dires de Frédéric Masson, Yoko Tsuno, remporterait la palme. « Ses vaisseaux sont très documentés. Son auteur, Roger Leloup a étudié les détails techniques. Hergé a fait de même dans l’album de Tintin De la Terre à la Lune. Il a étudié les fusées militaires allemandes V2 pour imaginer une fusée tout à fait réaliste. »

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Tout comme Buck Danny pour les avions, Yoko Tsuno est la référence technologique en matière spatiale. Ses Vaisseaux pourraient (presque) voler ! Crédits : © Éd. Dupuis.

Crédits : © Éd. Dargaud.


Un futur proche ?

Au début de la bande-dessinée de science fiction, dans les années 1960, l’homme n’avait pas encore posé le pied sur la Lune. De nombreuses technologies devenues réalité semblaient relever de l’impossible. Des stations spatiales sont désormais en orbite autour de la Terre, et nous sommes même parvenus  à poser un robot sur une comète en approche du Soleil avec Philae en 2015. Certaines inventions semblent ainsi finalement très proches. C’est le cas de voitures volantes qui se retrouvent dans toutes les BD. « Nous allons bientôt y arriver », assure Frédéric Masson. Reste à inventer le code la route qui va avec ! D’autres pistes, comme l’ascenseur spatial sont également explorées. Mais avec moins de chances de voir prochainement le jour.

L’Incal, un classique de la science-fiction française créé en 1981, met en scène un détective privé dans un futur très techno. Bien sûr, les voitures volent. Crédits : © L'Incal noir, Les Humanoïdes Associés, 2017.

Des préoccupations terre à terre

Si la Bande dessinée de science-fiction explore l’espace, utilisant les technologies spatiale les plus poussées, elle nous parle autant de notre monde que des galaxies lointaines. Et cela sur tous les registres, avec humour ou avec noirceur.

Des extra-terrestres très humains

Valérian et Laureline, la référence française en matière de bande-dessinée de science-fiction donne le ton. Dans leurs missions les deux agents spatio-temporels de Galacity résolvent des situations très humaines : luttes de pouvoir, préservation d’environnements  dégradés par les colons humains, conflits homme-femme, exploitation… Très souvent, aller dans l’espace n’est qu’un prétexte à étudier les comportements humains, bien souvent pour les dénoncer. C’est aussi le cas de la série Les mondes d’Aldébaran ou encore plus récemment, Retour sur Belzagor (avril 2017) et Titan (mai 2017).

A chaque époque sa vision de l’espace

Dans  les années 1970, l’exploration spatiale suscitait beaucoup d’enthousiasme. L’Homme venait de marcher sur la Lune, on espérait découvrir la vie sur Mars. Les premières images de Mars, transmises par la sonde américaine Mariner 4 en 1965, ont révéla de magnifiques déserts… sans vie apparente. L’espace a perdu un peu de sa magie et est devenu le siège d’aventures angoissantes, peuplées d’êtres hostiles. La bande-dessinée SF suit toutefois l’actualité spatiale. Sorti en avril 2017, Exo, met par exemple en scène la conquête d’une exoplanète susceptible d’abriter la vie. Le manga japonais Planètes, lui, a pour héros un éboueur de l’espace, chargé de nettoyer les débris qui s’accumulent autour de la Terre.

Au fil de leurs aventures, Valérian et Laureline, de Christin et Mézières, affrontent des situations très proches des préoccupations humaines. Crédits : © Éd. Dargaud.

Planètes. Crédits : © 2001-2004 Makoto Yukimura.


C’est du sérieux

Si Planète s’attache à traiter les relations humaines, l’arrière plan technique et scientifique est là aussi documenté. « Quel que soit leur style, les bande-dessinées participent à entretenir l’intérêt pour le spatial, se félicite Frédéric Masson, ingénieur au CNES et fan de bande-dessinée. Et certains y donnent un vrai fond qui crée une certaine culture scientifique. »
Car la science-fiction, c’est aussi de la science. De nombreux auteurs prennent plaisir à découvrir et partager leurs connaissances. Parfois avec humour comme Boulet (la rubrique scientifique) et Marion Montaigne (Tu mourras moins bête), qui vulgarisent aussi les sciences spatiales sur leurs blogs.

De l’humour et de la science, un peu de reportage, c’est le cocktail de Marion Montaigne et son professeur moustache. Crédits : © Marion Montaigne.

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