24 Février 2017

Les manchots, sentinelles du climat

"L’Empereur", sortie au cinéma en février, nous fait partager le quotidien des manchots empereurs, leur vie de famille sur la banquise, leurs longues plongées à la recherche de nourriture… Des comportements que l’on connaît notamment grâce au suivi des animaux par satellite, et qui nous renseignent aussi sur l’impact du changement climatique.

Sur les îles de Crozet et Kerguelen, dans l’Antarctique, certains manchots ont une drôle d’allure. Ils portent sur leur dos une pette bosse noire munie d’une antenne. C’est une balise Argos. Un boîtier émetteur relié à un réseau satellite. Il enregistre le trajet de l’animal, mais aussi sa vitesse, ainsi que les caractéristiques des lieux qu’il fréquente comme la température de l’eau. Grâce à lui, les chercheurs étudient les déplacements – et les modes de vie – des manchots.

Garde-manger

Ici, on observe surtout le manchot royal. Tout comme le manchot empereur, il reste à Terre pour se reproduire, couver son œuf, muer… Pour s’alimenter, il doit nager sur plusieurs centaines de kilomètres pour rejoindre sa zone de pêche. Son garde-manger, c’est le front polaire. La zone où les eaux froides subantarctiques rejoignent les eaux glaciales du Pôle.

Toujours plus loin

Le suivi Argos a permis d’observer que les manchots nagent de plus en plus loin pour rechercher leur nourriture : jusqu’à 600 kilomètres au sud de Crozet. Car il faut s’approcher de plus en plus du pôle Sud pour trouver de l’eau froide. Leurs petits, ou le parent qui couve, doivent attendre toujours plus longtemps avant d’être ravitaillés par le parent-pêcheur. Au risque de mourir de faim.

Pour Charles-André Bost, chercheur au CNRS et partenaire du CNES, les manchots des île Crozet sont des bio-indicateurs de l’environnement marin.

Chaque année, une douzaine de manchots des îles Crozet et Kerguelen, en Antarctique, sont suivis par balises Argos dans le cadre du projet ArgoNautica du CNES. ©C. Bost.

L'affiche du film L'empereur, de Luc Jacquet. ©Disney.

Alerte climat

Les changements d’habitudes des manchots nous ont ainsi alerté sur les effets du réchauffement de l’eau dû aux activités humaines, son impact sur les ressources alimentaires dans l’Océan. En observant le comportement de centaines de manchots sur le long terme, et en croisant ces observations avec d’autres données océaniques relevées par satellites (température, courant, vent…), les chercheurs peuvent désormais faire des prévisions sur l’évolution du climat. Les manchots des îles antarctiques risquent de devoir allonger encore leur parcours de pêche.

Manchots, mais aussi, mouettes ou éléphants de mer, les animaux suivis par satellites nous renseignent sur l’état de l’Océan et du climat. ©CNES/Argonautica.

Suivez les manchots avec le projet ArgoNimaux

ArgoNimaux est un projet éducatif du CNES. En partenariat avec le Centre d’Etudes Biologiques de Chizé, un laboratoire du CNRS, ArgoNimaux propose aux classes de primaire et du secondaire d’étudier le mode de vie et les déplacements d’animaux marins dans l’Antarctique. Des fiches pédagogiques et des rencontres entre participants donnent des pistes pour décliner ce projet en classe.