3 Décembre 2018

#Lune69/19 - Ton selfie sur la Lune ?

Alors que l’on fêtera le demi-siècle du premier pas de l’Homme sur la Lune en juillet 2019, une nouvelle mission s’apprête à se poser sur le sol de notre satellite, et à y livrer un paquet bien singulier : le témoignage de notre humanité.
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Les disques qui seront déposés sur la Lune seront en saphir pour durer dans le temps. (Ici un disque de démonstration, plus petit) Crédits : Grapevine

À la fin de l’année 2019, le rover allemand ALINA doit se poser sur la Lune. Dans ses bagages, il emportera un drôle de colis : une capsule temporelle. Une sorte de boîte qui renfermera 17 disques, de 9 centimètres de diamètre chacun, fabriqués dans du saphir, un matériau très dur choisi pour sa capacité à défier le temps et à résister aux assauts des rayonnements solaires. Dessus, les scientifiques (dont certains membres du CNES) et artistes de ce projet baptisé « Sanctuary » (Sanctuaire, en anglais) auront gravé à l’aide d’un laser différents messages : des textes, des dessins, des cartes, des photos, des schémas destinés à donner une image de ce que l’on sait aujourd’hui de notre planète et de ses habitants.

Traverser le temps

Contrairement à la Terre, la Lune n’est pas exposée aux vents, à la pluie ou au jeu des forces tectoniques. Cette capsule doit donc rester là où elle sera déposée, et pour longtemps : sa durée de vie est estimée à 500 000 ans ! Mais qui pourra bien venir la chercher et lire ces disques ? « Il est assez peu probable que ce soient des extra-terrestres. Mais peut-être que des humains, dans 10 000 ans ou 100 000 ans, la trouveront, un peu comme des archéologues trouvent des peintures d'il y a 30 000 ans », répond Jean-Philippe Uzan, l’un des scientifiques du projet. Pour lire les inscriptions, il suffira à ces archéologues du futur de les regarder à l’œil nu ou, pour les plus petites, sous un microscope.

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L'ensemble des chromosomes et des gènes (génome) d'une femme et d'un homme ont été intégrés à l'un des disques. Ils sont la carte d'identité de l'espère humaine. Crédits : Martin Krzywinski

Prêts à embarquer ?

Ce n’est pas la première fois que l’homme envoie une capsule temporelle dans l’espace. Dans les années 1970, des scientifiques ont attaché des plaques de métal et des disques gravés sur des sondes lancées vers les confins du Système solaire. Pour Jacques Arnould, l’expert éthique du CNES, « laisser un tel colis sur la Lune à d’éventuelles générations futures est un geste profondément humain. Nous estimons que leur transmettre quelque chose qui dit qui nous avons été et ce que c’est qu’être humain vaut la peine. C’est leur transmettre un patrimoine contre vents et marées, quelles que soient les catastrophes qui peuvent arriver sur Terre ».

Et il n’est pas trop tard pour embarquer : vous pouvez encore envoyer des selfies et des dessins sur le  site du projet : http://www.sanctuaryproject.eu/. Avec un peu de chance, ils seront sélectionnés et gravés sur les disques.