2 Juin 2017

Pas de vacances pour les héros !

De retour sur Terre après une mission de 6 mois dans la Station Spatiale Internationale, Thomas Pesquet va encore voyager entre l’Allemagne, les États-Unis et la Russie pour participer à des expériences et des réunions de compte-rendu de mission. Brigitte Godard*, son médecin qui l’accompagne durant cette période, nous dévoile le planning.

Thomas Pesquet vient d’atterrir, mais le repos, ce n’est pas pour tout de suite ?

Brigitte Godard : Ah non, pas de vacances avant le mois d’août. C’est le prix à payer. Peut-être une petite semaine fin juin mais bien au contraire, ces 3 premières semaines sur Terre sont très chargées ! Thomas va séjourner dans une clinique à Cologne, en Allemagne, où se trouve le centre européen des astronautes. Et ce n’est pas par mesure de précaution, une quarantaine pour le tenir éloigné des microbes terrestres, ni pour une cure de repos.
Là, il va participer à de nombreuses expériences physiologiques, visant à étudier l’évolution de son organisme une fois revenu en situation de gravité. Les premiers jours sont particulièrement intenses car chaque scientifique veut des mesures dans les premières heures, pour comparer les données avant, pendant et après le vol.

Ce Marathon débute dès l’atterrissage ?

En effet. Après l’atterrissage de la capsule Soyouz dans la steppe au Kazakhstan, nous embarquons pour Cologne. Durant ce trajet en avion, les astronautes en profitent généralement pour faire une petite sieste. La préparation et le retour depuis l’ISS sont tout de même éprouvants. De plus, Thomas a énormément travaillé durant son séjour dans l’ISS, il a effectué 2 sorties extra-véhiculaires (EVA), et, pour finir, il a supervisé celle de ses co-équipiers le 23 mai dernier, ce qui est assez intense.
Début Juillet, après une courte pause, il se rendra à Houston, aux États-Unis, pour poursuivre les expériences de la NASA et participer à des réunions de compte-rendu de mission. Le déroulement des expériences scientifiques mais aussi les aspects techniques tels que les l’entretien de l’ISS ou l’arrimage des cargos ravitailleurs sont passés en revue. Le but est d’améliorer et de faciliter le travail des missions suivantes.
Quelques jours plus tard, Thomas fera de même en Russie. Là, c’est probablement son expérience de pilotage du Soyouz qui sera analysée. Il sera aussi longuement fêté, car en Russie où les astronautes sont de véritables héros, il existe de nombreux rituels et cérémonies en leur honneur. Toujours les mêmes depuis le vol du premier astronaute, le russe Youri Gagarine.

Entre deux expériences et réunions techniques en Russie, Thomas participera à des cérémonies et rituels comme ce repas traditionnel avant le départ de Baïkonour au Kazakhstan. Crédits : © NASA/ESA.

L'astronaute de l'ESA Thomas Pesquet (à droite), avec le commandant Oleg Novitsky, dans la capsule Soyouz MS-03 amarrée à la Station spatiale internationale à l'issue de la mission Proxima qui a duré six mois. Au moment où a été prise cette photo, Thomas a déclaré : "Vous pensez qu'avec deux membres d'équipage au lieu de trois, il y a plus de place... mais je me sens encore plus à l'étroit qu'à l'aller !". Crédits : ESA/NASA.

Savez-vous dans quel état d’esprit Thomas Pesquet peut aborder cette période ?

Je pense que Thomas est content de rentrer. À présent, il s’est préparé au retour. À Cologne, son planning est chargé mais il sera en compagnie de ses proches. Il sait aussi que tout cela est nécessaire. Les expériences physiologiques et le suivi médical exigent des examens dans les premiers jours du retour sur Terre, puis pour certains, tous les 3, 6 et 12 mois. C’est normal, cela fait partie de la mission. Les astronautes ne partent pas en vacances dans l’ISS. Ils travaillent pour des laboratoires scientifiques internationaux et ils sont très heureux de participer à ces recherches.

* Retrouver les explications de Brigitte Godard, médecin des astronautes, sur les effets de la micropesanteur dans le webdocumentaire #Enmicropesanteur