Imaginez qu'un jour une mission martienne ramène sur Terre des microbes. Cela signifierait-il que l'on a enfin mis la main sur une preuve de vie extra-terrestre ? Pas forcément... Il peut s'agir tout simplement des occupants d'une crotte de mouche déposée sur la sonde avant le lancement, et qui auraient survécu à l'aller-retour.
« Même si les conditions d'un voyage spatial sont extrêmes, nous savons que certaines bactéries peuvent survivre au froid intense, aux basses pressions, au manque d'eau et aux rayons cosmiques », affirme Delphine Faye. Experte en contamination au CNES, elle veille à ce que les orbiteurs, les atterrisseurs et les instruments destinés à approcher des astres susceptibles de porter la vie (Mars, Europe ou Encelade, notamment) soient construits dans des conditions d'extrême propreté.
Prière d’entrer masqué
Les instruments destinés aux missions martiennes sont montés dans une « salle propre » (appelée aussi « salle blanche » ) à atmosphère contrôlée. On y entre en traversant plusieurs portes. Entre ces portes se trouvent des sas dans lesquels le personnel revêt une combinaison intégrale, stérile, avec gants, sur-chaussures, masque et cagoule.
Dans la salle propre règne une pression supérieure à la pression atmosphérique pour rendre plus difficile l'entrée des particules. Tous les instruments qu'on y introduit sont préalablement nettoyés avec de l'alcool, voire stérilisés à haute température ou avec des produits chimiques comme l'eau oxygénée. Enfin, des prélèvements sont effectués régulièrement pour détecter les bactéries et champignons microscopiques qui pourraient s'y développer. S'ils dépassent le seuil autorisé, il faudra les repasser à la douche !
En plus d'éviter de prendre des crottes de mouche pour des traces de vie extraterrestre, cette traque bactérienne limite aussi le risque d'aller contaminer ces planètes avec nos microbes. Et de déstabiliser leur écosystème.
