17 Septembre 2012

Un jeune soleil au goût sucré

 18/09/2012 Du sucre près d'une étoile ! C'est l'étonnante découverte d'une équipe d’astronomes de l’Institut Niels Bohr (Danemark), dirigée par Jes K. Jørgensen. IRAS 16293-2422, un jeune soleil situé à 400 années-lumière de nous, contiendrait dans ses parages du glycol aldéhyde, une molécule assez proche du sucre que l’on met dans son café.

Observer des molécules de sucre à 4 millions de milliards de km de la Terre est une des premières prouesses d'ALMA, le plus grand radiotélescope du monde, tout juste installé dans le désert de l’Atacama, au Chili. Il a capté ses premières ondes radio venues du cosmos en 2011.

Le rapport entre la bande FM et le sucre ne saute pas aux yeux et pourtant : les molécules se comportent bel et bien comme des micros émetteurs. Grâce à l'étoile. En effet, ce soleil chauffe le vaste nuage de gaz dans lequel il est né et qui forme un cocon autour de lui.

Pas de quoi faire de la barba à papa, car globalement c'est très froid (-263°C). Mais tout de même... Le sucre reçoit de la chaleur qu'il rayonne ensuite dans l'espace sous la forme d’ondes électromagnétiques, dont les ondes radio.

Leur fréquence signe sans erreur possible la nature de l'émetteur. Ainsi, pour "écouter" le glycol aldéhyde, branchez-vous sur le 220 GHz, ou le 690 GHz. Ne cherchez pas, vous ne trouverez pas ces fréquences sur votre poste : la bande FM s’arrête à seulement 0,1GHz… ALMA a les esgourdes bien plus larges.

Ce n'est pas la première fois que l'on découvre du glycol aldéhyde dans l'espace. Mais jusqu'à présent il sucrait des nuages de gaz sans soleil. La bonne nouvelle ici, c'est de le trouver à proximité d'une étoile encore dans l'enfance.

En effet, le glycol aldéhyde entre dans la composition de la molécule d’ARN qui, tout comme l’ADN, est à la base de la vie telle que nous la connaissons sur Terre. La présence de cette molécule relativement complexe (elle comprend deux atomes de carbone, quatre d’hydrogène et deux d’oxygène) montre que, très tôt au cours son existence, un soleil dispose dans son environnement des briques élémentaires de la vie.

Or, l'étoile IRAS 16293-2422 est précisément dans l'âge où se forment les planètes (même si aucune n'a encore été découverte autour d'elle), à partir du même cocon de gaz. On peut donc en déduire que les molécules se retrouvent ensuite sur ces nouveaux mondes, et pourraient ainsi contribuer à l'apparition de la vie.

D'ailleurs, on a également détecté de l’éthylène glycol, du formiate de méthyle, de l’éthanol... D’autres briques du vivant !

Manifestement, les différents gaz se lient entre eux, sur un substrat de poussières interstellaires, pour former des molécules complexes. Le glycol aldéhyde, un sucre élémentaire, est le composé de base nécessaire à toute une série de réactions chimiques pouvant mener au ribose, un sucre bien plus sophistiqué, véritable colonne vertébrale de l'ARN.

Jusqu’à quel point ce laboratoire de chimie organique à ciel ouvert peut-il produire des molécules aussi sophistiquées que le ribose ? Grâce à ALMA, qui donnera sa pleine puissance l’année prochaine, avec 66 antennes dressées vers le ciel, les astrophysiciens espèrent bien le découvrir…

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