14 Janvier 2013

L'agenda du rover Curiosity

15/01/2013 Comment sont fixées les missions quotidiennes du rover Curiosity ? Grâce à des joutes verbales où s'affrontent près d'une centaine de scientifiques.

Chaque soir, le même rituel. A 19h pétantes (décalage horaire avec les USA oblige), Eric Lorigny, responsable au CNES du centre d’opération des instruments français sur Mars, le FIMOC, entre en téléconférence.

Lui comme une bonne centaine de chercheurs et d’ingénieurs répartis dans le monde. Leur objectif ? Se mettre d’accord sur ce que fera, dans les prochaines 24 heures, Curiosity, ce rover qui depuis le 6 août dernier arpente la surface martienne.

« Curiosity possède à son bord une dizaine d’instruments dont deux français, ChemCam et Sam, » rappelle Eric Lorigny.

ChemCam permet d’établir à distance la nature des roches martiennes grâce à une technologie laser. Sam, lui, analyse la composition de l’atmosphère ou d’échantillons sédimentaires de la planète rouge.

« Chaque jour, nous passons au crible les informations reçues de ces instruments et nous les transmettons aux équipes scientifiques afin qu’elles puissent décider de la suite des opérations, » continue-t-il.

Car aussi étonnant que cela puisse paraître, l’emploi du temps de ce rover situé à des millions de kilomètres de la Terre est établi au jour le jour, en fonction des trouvailles de la veille. Et pour cause : Curiosity explore des terres inconnues et une surprise peut être découverte à tout instant.

 


Premiers résultats de la mission MSL par CNES

« Les chercheurs travaillant sur Curiosity, environ 80 personnes, des russes, des français et bien sûr des Américains, sont répartis en quatre thématiques : biologie, géologie, minéralogie et atmosphère, reprend Eric Lorigny. Chaque jour, les groupes se concertent pour se mettre d’accord sur une liste d’opération qui de leur point de vue semble pertinente. »

Au terme de cette première discussion, les chercheurs désignent dans chaque groupe un porte-parole. C’est lui qui, à 19h heures, heure de Paris, aura à défendre les couleurs de son clan au cours d’une intervention de trois minutes suivies par tous les autres collaborateurs. Les quatre plaidoyers passés, une discussion s’amorce afin d’établir les priorités.

« C’est un peu comme si l’on organisait un repas et que chaque convive venait avec une idée différente, s’amuse l’ingénieur. Certains ont un appareil à raclette sous le bras, d’autres un caquelon ou une pierrade et il faut se mettre d’accord sur la thématique de soirée. »

Certaines opérations, jugées trop longues à exécuter, peuvent être reportées au lendemain quand d’autres, décrétées infaisables, peuvent être recalées par les ingénieurs chargés de piloter les instruments. Des ingénieurs comme Eric Lorigny, qui, chaque soir, programme ChemCam en fonction des désidératas finaux des scientifiques.

 

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