17 Novembre 2014

La folle épopée de Philae

Pendant 3 jours, Philae, le petit atterrisseur de la mission Rosetta a fait vibrer la planète Terre au rythme de ses aventures sur la comète Churyumov-Gerasimenko. Retour sur la folle épopée de ce petit robot, depuis son largage, mercredi 12 novembre, à sa mise en sommeil, samedi 15 au matin, avec Stéphane Fredon, ingénieur au CNES et membre de l'équipe batteries de Philae, composée de Laurence Mélac, Laurène Gillot et Céline Cénac-Morthé.  
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Philae en route vers la comète. © ESA/Rosetta/MPS for OSIRIS Team MPS/UPD/LAM/IAA/SSO/INTA/UPM/DASP/IDA

Mercredi 12 novembre, 17 h : Philae signale son arrivée sur la comète

En tant que membre de l'équipe batterie, je participe aux opérations au Lander Control Center (LCC- Centre de contrôle de l'atterrisseur) à Cologne en Allemagne.

Mes trois autres collègues du CNES et moi sommes très sollicités. Dès la réception du signal radio indiquant que Philae s'est posé et qu'il est entier, nous devons évaluer l'état de la batterie.

Il faut déterminer de quelle énergie les équipes disposent pour décider des opérations scientifiques et techniques à lancer."

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L'atterrissage et le rebond de Philae, prise par la caméra Osiris de Rosetta © ESA/Rosetta/MPS for OSIRIS Team MPS/UPD/LAM/IAA/SSO/INTA/UPM/DASP/IDA

Mercredi 12 novembre, 17 h 32 : après avoir rebondi 2 fois, Philae se cale au pied d'une falaise.

" Très vite, les informations concernant l'ensoleillement des panneaux solaires nous indiquent qu'il y a un souci : le courant généré par les panneaux est instable. La puissance varie sans cesse.

Après coup, nous comprendrons que Philae était en train de rebondir sur la comète et tournait sur lui même. Les panneaux n'étaient donc pas toujours orientés vers le Soleil. ”

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Les 7 caméras de Civa réalisent des images tout autour de Philae © ESA/Rosetta/Philae/CIVA

Jeudi 13 novembre, 10h : premières images de la comète

" La communication avec Philae est possible durant 4 h, toutes les 8 h, lorsque Philae n'est pas masquée à Rosetta par la comète. Rosetta récupère alors les informations de l'atterrisseur pour nous les transmettre. Toutes les 4 heures, nous calculons  l’énergie qui reste dans la batterie pour que les responsables du Science Operation & Navigation Center (SONC) à Toulouse et le Lander Control Center (LCC- Centre de contrôle de l'atterrisseur) à Cologne, programment les opérations scientifiques possibles.  Les batteries ont été conçues pour alimenter 60 heures d'activité, mais il faut vérifier en permanence le niveau d’énergie restant.”

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Les 7 caméras de Civa réalisent des images tout autour de Philae. Un rocher surplombe l'atterrisseur dont l'un des pieds repose dans le vide. © ESA/Rosetta/Philae/CIVA

Jeudi 13 novembre, 14 h : publication de l'image panoramique autour de Philae

Philae s'est stabilisé, mais le courant des panneaux solaires est faible. Nous avons compris qu'il est partiellement à l'ombre. Cela se confirme avec les images réalisées par Civa.

Car heureusement, la batterie principale dispose de suffisamment de puissance pour alimenter les instruments optiques, d'analyse radar, de prélèvement de gaz, etc.

Les images qui nous parviennent permettent de mieux comprendre la situation de Philae.

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L'indicateur de tension de la batterie s'écroule. Le contact avec Philae va bientôt être perdu. © ESA

Vendredi 14 novembre - Derniers travaux

Seuls trois des six panneaux solaires de Philae sont éclairés. C'est insuffisant pour alimenter la seconde batterie, rechargeable, de Philae. Nos estimations sur la batterie principale sont plus que jamais déterminantes. Avons-nous assez de puissance et temps pour tenter de forer la comète, analyser ces prélèvements et transmettre les résultats à Rosetta lors de son prochain passage ? Il ne faut pas nous tromper !

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Stéphane Fredon et ses collègues donnent un nouveau rendez-vous à Philae. © ESA

Samedi 15 novembre, 1h du matin : Philae s'endort

Ouf, juste à temps ! Les dernières mesures ont été réalisées, les résultats transmis. Philae s'éteint mais nous lui donnons rendez-vous l'été prochain. La comète se rapprochera alors du Soleil et l'atterrisseur recevra 10 fois plus de lumière qu'aujourd'hui. Il devrait être possible de le réveiller pour réaliser de nouvelles mesures. Nous sommes soulagés et fiers : après 10 ans dans l'espace, les batteries ont fonctionné comme prévu et toutes les mesures scientifiques ont pu être réalisées. Ces journées ont été exceptionnelles. Intenses en travail et en émotions !

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