12 Février 2015

Coloniser Mars : jeu ou réalité ?

100 candidats viennent de franchir la 3e sélection du projet néerlandais Mars One. Leur but : s'installer sur la planète rouge en 2025. Sans billet retour. Un projet insensé ? Le point de vue de Jacques Arnould, chargé au CNES d'étudier les conséquences de l'exploration spatiale sur nos cultures, nos conditions de vie…
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Les agences spatiales se préparent aussi : en 2010-2011, une équipe européenne a simulé un voyage martien de 520 jours © ESA/IPMB

Le projet est bel et bien risqué. Durant le voyage, le vaisseau peut-être percuté par des météorites. Pendant le trajet comme sur place, les astronautes sont soumis à une gravité bien plus faible que sur Terre et aux radiations cosmiques et solaires, autant de perturbations qui, à long terme, sont très nocives pour la santé.
L'éloignement de la Terre, qui apparaît toute petite vue depuis Mars, n'est pas si facile non plus à supporter, même si l'on s'y prépare. Alors, qu'en sera-t-il sans perspectives de retour ?

Le voyage martien est compliqué et coûteux
. Trouver un moyen de propulsion plus rapide, une meilleure protection contre les radiations, des installations sur place sûres, tout cela demande des technologies qui ne sont pas encore maîtrisées. Et même avec les connaissances actuelles, il faut encore investir beaucoup d'argent pour réussir à lancer une mission habitée.

Mars ne semble vraiment pas compatible avec la vie humaine aujourd'hui
. Pas d'oxygène, des températures extrêmes, pas de nourriture accessible… c'est aussi hostile que le Pôle Nord pour un palmier, complètement inadapté ! Au mieux, on saura poser une bulle de survie sur la surface, comme un bidon confiné. Mais est-ce qu'on a colonisé les océans avec nos sous-marins nucléaires ?

Mars One espère financer l'aventure grâce à la téléralité. Pourquoi pas. C'est intéressant, car cela implique aussi la responsabilité du spectateur. Il est maître du sort des candidats. Mais là, on joue vraiment gros : avec l'idée du destin d'êtres humains, et même de l'humanité.

Mais alors, pourquoi vouloir y aller ? Le témoignage direct reste d'une valeur incomparable par rapport aux missions robotisées : il permet une meilleur compréhension et une meilleure transmission. Et puis l'Homme cherche toujours à conquérir de nouveaux territoires. C'est le propre de tout être vivant, quel qu'il soit.

" Finalement, peu importe si le projet est irréaliste. Ce qui est important, c'est que Mars One génère du rêve, des questions, de l'imaginaire. L'homme a besoin de rêver, de jouer et… de se lancer des défis impossibles. S'engager dans des choses difficiles, prendre des risques, cela fait partie de la condition humaine. Et c'est le moteur de l'exploration spatiale."