17 Février 2010

Les détectives de l'étrange

L’objectif du GEIPAN : recenser les phénomènes aérospatiaux non identifiés et tenter d’expliquer leur origine !

Chasseurs de phénomènes non identifiés

L'objectif du GEIPAN, organisme officiel du CNES : recenser les phénomènes aérospatiaux

Une lueur dans le ciel

18 octobre 2009, 21h15, c’est la stupéfaction un peu partout en France : une étrange lueur vient d’apparaître dans le ciel.

Des internautes décrivent le phénomène sur les forums d’astronomie : un point lumineux brillant suivi d’un halo blanc a traversé le ciel du Sud vers le Nord-Ouest. Cela ressemble à la traînée d’une comète…

Oui, mais dans ce cas, son passage aurait été prévu à l’avance par les astronomes. Alors de quoi donc peut-il bien s’agir ?

Les jours suivants, le service du CNES dédié à l’investigation sur les phénomènes aérospatiaux non identifiés, le GEIPAN mène l’enquête.

Conclusion : une fusée américaine, tirée depuis la Californie, a largué une partie de son carburant pour s’alléger une fois dans l’espace… Le combustible s’est consumé au contact de l’atmosphère ce qui a provoqué des lueurs visibles depuis le sol.

La rencontre avec les petits hommes verts n’est pas pour cette fois !

Mais au fait, comment appeler les phénomènes étranges qui se produisent dans le ciel ?

Dans le langage courant, on les désigne par les termes d’OVNI (objet volant non identifié) ou d’UFO (Unidentified Flying Object, soit la traduction anglaise d’OVNI). Toutefois, la présence du mot objet dans OVNI suggère que quelque chose de matériel se trouvait dans le ciel.

En outre, le mot OVNI est très connoté "petits hommes verts". Pour ces raisons, les spécialistes emploient, eux, le terme PAN (phénomène aérospatial non identifié), plus général et qui regroupe les phénomènes atmosphériques rares (lumières d’orage, foudre en boule, parhélie), les rentrées atmosphériques (météores, satellites ou morceaux de fusées).

Le GEIPAN, 100% sérieux

Le GEIPAN, Groupe d'études et d'informations sur les phénomènes aérospatiaux non identifiés, a été créé en 1977 par le CNES et a ses locaux au Centre Spatial de Toulouse.

Sa mission consiste à rassembler les témoignages sur le territoire français, les analyser, les archiver, et les mettre à la disposition du public.

La France est le seul pays à s'être doté d'un organisme public chargé d’enquêter sur de telles observations.

Dans les autres pays, elles sont prises en charge par des associations privées d'ufologie ou par l’armée qui n’apprécie pas que le territoire soit survolé sans autorisation !

La plupart des témoignages transmis au GEIPAN lui parviennent soit directement (coup de téléphone, e-mail,…), soit par la gendarmerie. En effet, quiconque a vu un phénomène qui lui semble étrange peut faire une déposition.

Toutes sources confondues, le GEIPAN reçoit en moyenne deux témoignages par jour !

 

OVNI : déjà au temps d'Homère

Qui n’a pas un jour pensé que les livres, BD et films sur les OVNI avaient une influence sur ce que l’on imaginait, voyait, ou croyait voir ?

C’est peut-être un peu vrai, mais des témoignages très anciens prouvent que la science-fiction, apparue seulement au XIXe siècle, n’est pas responsable de tout !

Ainsi, Daimachos, un historien grec vivant au IIIe siècle avant notre ère, a raconté qu’un nuage enflammé a parcouru le ciel, soixante-quinze jours de suite, avant de venir percuter le sol.

Autre cas, en avril 1561, les habitants de Nuremberg (Allemagne) furent très impressionnés par des objets colorés en forme de sphères, de disques et de cigares qui tournoyaient au-dessus d’eux.

Les livres anciens regorgent de récits d’étranges lumières ayant embrasé le ciel.

Le manque d’informations rend très difficile l’analyse rétrospective de ces phénomènes : aucun service comme le GEIPAN n’existait à l’époque !

Allo, la gendarmerie ?

Comment enquête le GEIPAN ?

Lorsqu’il reçoit un témoignage, il se dépêche de récolter le maximum d’éléments.

Mais n’allez pas imaginer qu’il envoie sur place un bataillon de détectives armés d’appareils ultra perfectionnés, comme dans toute bonne série américaine !

Le GEIPAN commence par contacter la gendarmerie locale pour connaître la version "officielle". Il appelle ensuite ses enquêteurs "privés", appelés IPN (intervenant de premier niveau).

Ce sont des particuliers qui proposent leurs services bénévolement. Ils habitent un peu partout en France et peuvent donc se rendre rapidement sur le terrain pour traquer les indices et les informations.

Tous ont été sélectionnés parce qu’ils savent garder les pieds sur terre quand vient le moment de trouver une explication…

Enfin, le GEIPAN peut aussi faire appel à un collège d’experts multidisciplinaires et scientifiques pour les cas les plus difficiles.

En savoir plus :

En 2007, le GEIPAN ouvrait ses archives au public sur son site internet. A cette occasion, Jacques Patenet, alors Directeur du GEIPAN, était l'invité des conversations spatiales du CNES.

Vous pouvez également podcaster une interview de J. Patenet donnée à Ciel & Espace Radio (2007).

Des faits réels saupoudrés de fantasmagories

Des OVNI dans le ciel ? Dans la majorité des cas, on devrait plutôt les appeler des OVPI : des objets volants parfaitement identifiés ! La preuve avec trois exemples de vrais faux OVNI

Un peu de vapeur d'eau...

Dans la série X-Files, le héros Fox Mulder et sa collègue Dana Scully passent leur temps à se chamailler pour expliquer les OVNI : Mulder croit à l’existence de phénomènes paranormaux, tandis que Scully est une biologiste pour qui tout est explicable par la science !

Dans la réalité, l’enquête du GEIPAN montre le plus souvent qu’il existe une explication rationnelle aux phénomènes observés : ils peuvent résulter d’une activité humaine ou d’un phénomène naturel.

Prenez par exemple un nuage "lenticulaire". Ce type de nuage se forme au-dessus d’un relief, une colline ou une montagne : il est dû à une remontée d’air chargé en humidité le long de la pente.

De loin, on le prend souvent pour une soucoupe volante. Et pourtant, rien de paranormal là-dedans, désolé Mulder !

Un pinceau de lumière...

Les phénomènes lumineux qui surviennent dans l’atmosphère sont aussi des classiques du registre des phénomènes étranges peuplant le ciel.

Regardez ces trois lumières qui surmontent l’horizon. Avec un peu d’imagination, on croirait presque assister à l’atterrissage d’un trio de vaisseaux spatiaux.

Pourtant, il s’agit d’une illusion d’optique connue sous le nom de "parhélie". Elle provient de la réflexion de la lumière du Soleil sur les petits cristaux de glace présents dans certains nuages.

On appelle aussi ce phénomène "faux soleil", car il cause l’apparition de trois soleils. Aucun vaisseau ne s’est posé ce jour-là…

Alerte au carburant volant...

Le 29 octobre 1989, un habitant d’un village de la Manche découvre dans son champ une zone totalement calcinée.

La trace mesure environ 17 m de long. La végétation a disparu, la terre est noire et le sol, humide, est enfoncé de 10 à 15 cm… comme si un objet massif s’était posé là.

Mais les experts du GEIPAN vont aboutir à une conclusion plus cartésienne. Sur place, un témoin a observé une grande flamme bleue sur la zone. Or les expertises menées vont indiquer la présence de kérosène dans les échantillons de sol.

Les experts concluent qu’un avion a largué du carburant à faible altitude (les pilotes font parfois cela pour alléger leur appareil).

Ce carburant s’est enflammé en traversant la ligne haute tension voisine, avant de se répandre sur le champ et de brûler ainsi le couvert végétal.

Vers l’infini et au-delà

L’espace et ce qu’il contient sont également responsables de phénomènes assez étonnants pour qu’on les confonde avec les indices d’une présence extraterrestre.

Ainsi, des planètes comme Vénus ou Jupiter sont parfois si brillantes la nuit qu’elles peuvent donner l’illusion d’objets lumineux apparus dans le ciel. C'est le cas quand elles nous montrent entièrement leur face éclairée par le Soleil.

Autre exemple frappant : les 250 témoignages recueillis par le GEIPAN rapportant la traversée d'Ouest en Est d'un triangle lumineux dans l'espace aérien français en novembre 1990.

Après vérification, il s'agissait du troisième étage d’une fusée russe.

En rentrant dans l’atmosphère comme un bolide, il s’était consumé à cause du frottement avec l’air.

Finalement, qu’elles aient des causes naturelles ou humaines, de nombreuses observations sont soupçonnées à tort d'être des phénomènes aérospatiaux non identifiés.

OVNI ou pas ?

En savoir plus :

 

Des cas encore inexpliqués

Dans un cas sur cinq, le GEIPAN ne parvient pas à trouver d’explication après enquête. Mais alors, que peuvent être ces phénomènes aérospatiaux toujours non identifiés ?

Une enquête sur cinq sans issue...

Le GEIPAN analyse les observations qui lui sont rapportées à la lumière des connaissances scientifiques et techniques dont nous disposons à ce jour.

Mais enquêter avec des bribes d'informations et des témoignages épars n'a rien d'évident.

Ainsi, près de 40 % des cas restent inexpliqués par manque d’informations : l’enquêteur n’est pas arrivé à temps sur le terrain, les témoignages sont insuffisants ou ne sont pas concordants...

Au final, seulement 20 % des observations restent classées au rang de "phénomène aérospatial non identifié" : malgré la qualité et la consistance des données et des témoignages, l'enquête du GEIPAN ne permet pas d'avancer une explication aux observations rapportées.

Un serpent de lumière, brrr...

Le 22 décembre 1998, en Alsace, une personne a vu pendant une minute un grand serpent lumineux traverser le ciel. Il était formé de disques rouges et blancs et glissait à une vingtaine de mètres du sol.

En 1988, en Normandie, c’est un objet en forme de tonneau muni d’ailerons qui a été observé dans le ciel nocturne. Un témoin l’a vu dépasser sa voiture, puis faire demi-tour pour stationner un moment au-dessus d’elle, avant de disparaître.

Les jours suivants, l’objet apparaît encore, mais plus haut dans le ciel.

Le témoin a pu le prendre en photo et d’autres témoignages ont confirmé l’observation.

Dans ces deux cas, malgré les renseignements récoltés, le GEIPAN n’a pu apporter aucune explication.

Des farfadets dans le ciel...

Inexpliqué ne signifie pas forcément que la vérité est ailleurs, comme le clame le sous-titre de X-Files.

Des phénomènes atmosphériques découverts récemment pourraient être la réponse aux cas irrésolus par le GEIPAN jusqu’à présent.

Ainsi, il y a seulement dix ans on ne voulait pas croire les aviateurs quand ils rapportaient avoir vu des lumières rouges dans le ciel…

Aujourd'hui, grâce à des caméras qui ont filmé des portions de ciel pendant des journées entières, on sait qu’il s’agit de "farfadets", sortes d’éclairs et d’événements lumineux transitoires qui apparaissent dans la haute atmosphère, au-dessus des nuages d’orage.

Comme la foudre, ils s’expliqueraient par la présence de charges électriques dans l’air.

En se déplaçant, celles-ci cogneraient les atomes de l’atmosphère, qui émettraient alors de la lumière.

Des boules de feu volantes

Depuis des siècles, une multitude de témoignages rapportent des cas de foudre en boule. Par exemple, tout au long du XXe siècle des pilotes ont raconté que, par temps d’orage, des boules de feu traversaient parfois de part en part leur avion, sans causer de dommage aux appareils électriques.

Longtemps resté à l’état de légende, le phénomène de foudre en boule est désormais l’objet d’études scientifiques.

On en est encore aux suppositions pour l’expliquer, mais des chercheurs pensent qu’il est dû à l’impact de la foudre sur le sol. Le choc volatiliserait dans l’air des nuées de fines particules métalliques, qui s’enflammeraient ensuite en conservant un aspect sphérique.

Boules de feu, éclairs ou farfadets peuvent-ils à eux seuls expliquer tous les cas inexpliqués du GEIPAN ?

Certaines observations ont laissé une trace sur les radars de l’armée ou ceux d’un aéroport situé à proximité.

Les scientifiques se demandent actuellement si une boule de feu pourrait être à l’origine d’une telle signature radar.

 

La réponse viendra dans quelques années. Si elle ne vient pas, il se pourrait bien que Mulder ait raison et que la vérité soit vraiment ailleurs…

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