Des applications en priorité pour le spatial
Véritable Géo Trouvetou des sciences et tehniques spatiales, le CNES s’applique, depuis 2006, à déposer des brevets et favorise leur commercialisation. Naturellement, les premières applications concernent le domaine spatial. Voici quelques exemples.

Une voile écologique pour faire retomber les satellites
Lorsqu'un satellite a mené sa mission à terme et qu'il arrive en fin de vie, on en fait quoi ? La solution la plus couramment retenue consiste à lui donner un ultime coup de booster qui l'envoie dans l'atmosphère ou sur une orbite "cimetière". Une sorte de décharge pour satellites devenus inutiles… Mais certains satellites ne disposent pas de système propulsion et cette opération n’est pas possible.
Aussi, Christian Dupuy, un ingénieur mécanique du CNES, a eu l'idée d'un système beaucoup plus naturel : le satellite va déployer une voile. Cette dernière fait office de parachute et ralentit le satellite dans sa course.
Au fur et à mesure que sa vitesse diminue, le satellite perd de l'altitude et finit par filer en direction du sol. Une bonne partie du satellite se désintégrera alors dans l'atmosphère.

Pilotage de robots à très grande distance
Défi : fermez les yeux, enfourchez votre vélo et pédalez. Vous devez explorer un endroit inconnu en ayant le droit d'ouvrir les yeux toutes les 10 minutes seulement.
Pas facile hein ? Pourtant, c’est le genre de situation à laquelle sont confrontés les ingénieurs lorsqu'il s'agit d'explorer des planètes lointaines telles que Mars avec un robot téléguidé depuis le sol.
En effet, les commandes mettent plus de 10 minutes pour parcourir les centaines de millions de kilomètres qui nous séparent de la planète. Et si le robot tombe dans un ravin, il ne faudra pas compter sur les Martiens pour le remettre sur ses roues.
Aussi, le CNES a imaginé une autre manière de piloter le robot. Celui-ci reçoit toute la trajectoire d'un coup : "Va jusqu'au gros caillou, tourne à gauche, évite ce trou, va ensuite de ce côté et envoie-nous les images". Il avance donc plus lentement, mais en toute sécurité.

Un appareil transportable pour dater les roches
Parfois, ce sont de "vieilles" inventions qui retrouvent un coup de jeune grâce à la recherche spatiale.
C’est le cas d’une méthode pour dater les roches anciennes mise au point au sortir de la seconde guerre mondiale. Utilisant deux éléments chimiques (le potassium et l'argon), cette technique a longtemps nécessité un lourd appareillage et des manipulations complexes dans des laboratoires spécialisés.
Un laboratoire de Paris-Sud et le CNES étudient, depuis 2009, la mise au point d'une version portable de ce laboratoire.
Le système comporte un laser qui tire sur la roche pour la pulvériser. Un appareil analyse ensuite les éléments qui la composent.
Ce dispositif suffisamment compact pour être intégré à un robot d'exploration pourra être utilisé dans les prochaines missions à destination de la planète rouge.

Un container pour transporter des échantillons martiens
Une fois arrivé sur une planète lointaine, il est très intéressant de pouvoir en ramener des échantillons de cailloux, ou… de tout ce qu'on peut y trouver.
Mais quid d’un virus ou d’une bactérie extraterrestres voyageant comme passagers clandestins sur cet échantillon de roche ?
Une entreprise de Grenoble a développé un véritable petit coffre-fort issu de plusieurs brevets déposés avec le CNES en 2007.
Pas moins de quinze fenêtres permettent des analyses ultra-poussées sans avoir à ouvrir le coffre : une fenêtre en saphir pour les analyses dans l'infra-rouge, une autre enbéryllium pour les tests aux rayons X, etc...
En plus, l'échantillon est "maitrisé" par trois enceintes en dépression les unes par rapport aux autres : à la moindre fissure, la fuite se fait de l'extérieur vers l'intérieur du container.
De quoi contenir le plus teigneux des microbes, même extraterrestre !
- Voir les portraits en vidéo de 4 ingénieurs du CNES qui ont déposé des brevets pour des applications utiles sur Terre.
Des brevets qui servent le grand public
Il n'y a pas que dans le spatial que les brevets du CNES trouvent des applications. Le secteur civil en profite aussi ! D’ailleurs, une aide allant de 18 000 à 35 000 euros est versée par le CNES aux inventeurs qui souhaitent monter leur propre entreprise.

Le CD de Monsieur Propre
Philippe Hébert, ingénieur opticien au CNES, est aussi un mélomane averti.
Un jour, en écoutant en boucle un CD, il remarque que la qualité du son est légèrement meilleure lors de la seconde écoute.
De retour à son laboratoire, il se penche sur le phénomène et découvre que la diode laser utilisée pour lire le CD élimine un certain nombre de poussières.
Ces dernières ont en effet tendance à être attirées par l'électricité statique due au frottement de l'air contre la surface du disque.
L'ingénieur adapte alors une technique de nettoyage des optiques des appareils de mesure développée par le CNES... au nettoyage de CD.
Son dispositif consiste en une diode UV qui décroche les poussières ; celles-ci sont ensuite attirées hors de la surface du CD et évacuées par un réseau d'aimants.
La qualité du son s'en trouve ainsi améliorée dès la première écoute.

Inspecteur Gadget n’y croirait pas !
Un satellite, c'est comme un gros origami.
Les panneaux solaires, les miroirs, et tout un tas d'autres structures sont repliés de manière à prendre le moins de place possible sous la coiffe du lanceur.
Une fois en orbite, ces éléments sont déployés grâce à des structures télescopiques.
Le "brevet charnière", déposé en 2008, concerne une structure capable de passer de 20 cm à 4 m de long ! Son secret ?
Des sortes de tuiles imbriquées les unes dans les autres. Très légère et peu encombrante, elle peut également être utile sur notre bonne vieille Terre.
Cônes de signalisation télescopiques, déploiement rapide d'antennes terrestres sur des lieux d'opérations militaires ou de secours, déploiement facile de mâts portant des caméras de surveillance...
Les applications sont aussi diverses que variées.

Sous l’asphalte, des capteurs gèrent les parkings
En 2008, le CNES a déposé des brevets sur des capteurs électromagnétiques capables de recueillir des données très précises dans l'atmosphère, puis de les transférer rapidement à travers des petits ballons atmosphériques.
Incroyable mais vrai : la technologie a ensuite été utilisée pour mettre au point... un parking intelligent.
Depuis septembre, la ville de Toulouse teste un procédé dans lequel ces capteurs, placés sous l'asphalte, indiquent si une place de parking est ou non occupée par un véhicule.
L'information est relayée en temps réel jusqu'aux utilisateurs équipés de téléphones portables capables de recevoir cette information et donc de trouver plus facilement une place pour se garer !

Un stylo qui voit à travers les murs !
Les panneaux solaires sont des objets très délicats, particulièrement lorsqu’ils alimentent en énergie les satellites ou les stations spatiales.
Ils se composent de millions de minuscules cellules photovoltaïques reliées entre elles.
Il suffit que l'une d'elle cesse de fonctionner pour que ses voisines en pâtissent, voire que toute une partie du panneau soit hors service.
Il y a trois ans, Le CNES a déposé un brevet sur un détecteur qui repère les signaux électromagnétiques émis par les cellules opérationnelles (et donc capable de déceler rapidement les cellules défaillantes).
Ce dispositif pourrait être décliné prochainement sous la forme d'un stylo capable de détecter la présence de câbles véhiculant de l'électricité dans les murs !
- Un article du quotidien "La Dépêche du Midi" du 1er octobre 2007 "L'espace a révolutionné notre quotidien"
- Un article du Point du 12 février 2008 "Vertiges : recherches spatiales, retombées sur Terre"
Le spatial conquiert la maison
Outre Atlantique, la NASA dépose des brevets depuis une cinquantaine d'années. Pas besoin de mettre un pied sur la Lune pour être en étroit contact avec ces inventions. Il suffit… de se balader chez soi.

L'oreiller à mémoire de forme
Damned ! C'est déjà le matin ! Il faut sortir du lit.
Vous vous étirez et profitez encore quelques secondes de votre oreiller rembourré de mousse à mémoire de forme, si douillet. Un chouette matériau en silicone et polyuréthane, capable de se compresser au dixième de son volume avant de reprendre sa forme initiale.
Il y a quarante ans, il équipait pour la première fois les coussins des sièges dans les vaisseaux spatiaux.
Élastique, épousant parfaitement la forme du corps, cette mousse contribuait non seulement au confort des astronautes pendant un long voyage spatial, mais elle permettait également de mieux répartir l'impact sur tout le corps en cas d'atterrissage… un peu brutal.

Le lait en poudre pour bébé
Tandis que vous farfouillez dans le placard de la cuisine à la recherche du paquet de céréales, vous tombez sur la boîte de lait en poudre du petit frère. Encore une invention de la NASA.
En effet, au début des années quatre-vingts, les scientifiques tentent de cultiver des microalgues pour voir si ces dernières peuvent servir à produire de l'oxygène, à recycler de l'eau ou même s'il est possible d'en manger.
Ils découvrent alors qu'elles sont particulièrement riches en deux acides gras que l'on ne connaissait jusque-là que dans le lait humain. Et pour cause, ces acides gras sont essentiels au bon développement du cerveau et des yeux des enfants !
Une quinzaine d'années plus tard, ces composés, utilisés comme additifs, ont permis de mettre au point des laits en poudre aussi riches que le lait maternel.

Thermomètre laser et dentifrice comestible
Allez zou ! Vous filez à la salle de bain. Le dentifrice que vous étalez sur votre brosse à dents a lui aussi été perfectionné par la NASA. D
ans l’espace, les astronautes ne disposent pas d’un évier avec de l'eau courante à volonté. Aussi, avoir un dentifrice comestible (et pas trop mauvais) est un atout : plus besoin de se rincer la bouche !
Les dents étincelantes, vous jetez un œil au thermomètre laser abandonné là sur le bord de l'évier. Un autre appareil bien pratique, mis au point dans les années quatre-vingt-dix.
Il vous indique en deux secondes si vous avez de la fièvre, en lisant la température au creux de votre oreille - sur votre tympan - à l'aide d'un laser infrarouge.
Une application originale pour un système qui sert généralement à mesurer la température des étoiles et des planètes. Dans ce cas, il faut bien entendu des lasers beaucoup plus puissants.

Lunettes de soleil et oreillettes Bluetooth
Lavé, habillé, nourri... y a plus qu'à faire un crochet par le salon pour récupérer vos dernières affaires avant de sortir.
Vous attrapez au vol les lunettes de soleil posées sur la commode. Non content de vous donner un air super classe, les verres qui protègent vos yeux bénéficient de traitements antirayures issus de la recherche spatiale.
En effet, la visière des casques des astronautes est un gros verre de soleil soumis à rude épreuve au milieu des poussières et des radiations de l'espace.
Quant à cette oreillette sans fil Bluetooth pour votre téléphone portable... C'est à travers un tel dispositif que Neil Armstrong, premier homme à poser le pied sur la Lune, prononça en 1969 ces mots "C'est un petit pas pour l'Homme mais un grand pas pour l'humanité".
Tout de même plus classe que "Allô t'es où ?".
- L'article du 3 janvier 2011 sur le site de l'ESA "Un matériau spatial protège les motards avec style"
- Un site interactif de la NASA pour découvrir que les résultats de la recherche spatiale sontt présents dans notre vie quotidienne
- A lire : un ouvrage paru en décembre 2010 "50 inventions de notre quotidien tombées du ciel"