30 Janvier 2011

Les pilotes du ravitailleur de l'ISS

Les pilotes du ravitailleur de l'ISS Conçu pour ravitailler la station spatiale internationale, le deuxième cargo européen Johannes Kepler devrait être lancé le 15 février 2011 par Ariane 5. C'est dans les locaux du CNES à Toulouse que ce véhicule sophistiqué est contrôlé. Les dernières répétitions grandeur nature se succèdent pour un rendez-vous très attendu par l'équipage de l'ISS.

Self-control au Centre de Contrôle

L'heure est grave. Dans la salle de contrôle envahie d'écrans, la sueur perle sur plus d'un front.

Le lanceur Ariane 5, chargé d'expédier dans l'espace le vaisseau ravitailleur de la Station spatiale internationale (ISS), vient de subir une panne de moteur. Les équipes de l'ATV-CC, le Centre de Contrôle basé au CNES à Toulouse, doivent déclencher en urgence les propulseurs du vaisseau sous peine de le voir retomber et se disloquer dans l'atmosphère.

Le ravitailleur a beau être un véhicule sans pilote et automatisé (d'où son nom, ATV : Automated Transfer Vehicle), les manœuvres les plus critiques restent prises en charge par l'ATV-CC.

Le casque vissé sur la tête, une cinquantaine d'opérateurs dictent fébrilement des ordres dans leur micro, en anglais. La langue de communication universelle pour cette équipe qui travaille de concert avec deux autres centres : l'un basé à Moscou, en Russie, et l'autre à Houston, aux États-Unis.

À l’autre bout de la ligne, des interprètes traduisent le plus rapidement possible les échanges en russe et en anglais, pour les quelques opérateurs moscovites qui ne parlent parfois pas la langue de Shakespeare.

À cet instant, personne ne prête attention à l’indicateur qui clignote discrètement en haut de chacun des écrans.

Sa signification : rien de tout ceci n'est réel !

Il ne s'agit que… d'une simulation.

Une reconstitution à l'exacte des situations auxquelles les équipes pourront être confrontées le 15 février, date prévue pour le véritable lancement de l’ATV-2 « Johannes Kepler ». Ce programme d'entraînement, dispensé par l'ATV Training Academy (ou « ATAC » pour faire plus classe), a été mis en place par le CNES et l'Agence spatiale européenne (ESA). Et ce, juste après le succès de la première mission ATV-1, en mars 2008, en profitant du retour d’expérience de cette mission « Jules Verne ».

 


L'ATV Kepler sous contrôle
envoyé par CNES. - Vidéos des dernières découvertes scientifiques.

Le rôle de l'ATV-CC

Le centre de contrôle (ATV-CC) est géré par le CNES pour le compte de l'ESA. Il est chargé de la conduite des opérations et de la coordination de l'ensemble des moyens sol, en coordination avec les centres de contrôle de l'ISS à Moscou et Houston, partenaires indispensables au bon déroulement du projet ATV.

En particulier, l’ATV-CC met en place le plan de mission, prépare puis valide les outils de contrôle. Il suit les différentes phases du vol de l’ATV, l’amarrage, les opérations de stabilisation et de transfert d’orbite, puis à la fin de la mission, le détachement du vaisseau de l’ISS, la désorbitation et la rentrée dans l’atmosphère.

Des simulations grandeur nature

Une formation menée sur une année, comportant un apprentissage théorique et plus d'une cinquantaine de simulations dont certaines peuvent durer cinq jours non stop ! Il faut au moins cela pour manœuvrer le véhicule spatial le plus complexe jamais construit en Europe.

La manœuvre ? Arrimer l’engin à une station spatiale toujours en mouvement et située à plus de 400 km au-dessus de nos têtes.

« Nous confrontons les équipes à un maximum de pannes, même les plus improbables (perte de communication, incendie à bord, panneau solaire qui ne se déploie pas...), explique Martial Vanhove, chef de projet sur la mission ATV-2. Ces simulations entraînent les équipes à réagir et nous permettent d'anticiper des erreurs que nous pourrions commettre en situation réelle. »

Et des erreurs, l'équipe ne pourra pas s'offrir le luxe d'en faire. Non seulement parce que l'autonomie en carburant de l'ATV-2 ne lui permet d'effectuer que trois tentatives d'approche, mais aussi parce que la mission a été raccourcie à son strict minimum : 8 jours au lieu des 11 prévus au départ.

« En effet, il y a pas mal de trafic autour de l'ISS, explique Martial Vanhove. La mission Shuttle doit décoller le 24 février et il faut impérativement que nous ayons arrimé l'ATV-2 avant. Ce n'est pas encore le périphérique parisien aux heures de pointe, mais il y a déjà des embouteillages ! »

Cinq missions ATV ont été programmées entre 2008 et 2015. Et dans quelques mois, les élèves de la future mission ATV-3 commenceront à leur tour leur formation à l'ATAC.

 

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