
Connaissez-vous Soyouz ?
C’est un lanceur - une fusée capable d’envoyer une charge dans l’espace - parmi les plus fiables au monde.
Créé par les Russes, il a placé plus de 1 700 satellites en orbite, envoyé 131 cosmonautes dans l’espace.
En 1957, ce lanceur mythique a mis en orbite le premier satellite, Spoutnik. Il a aussi assuré le premier vol habité, celui de Youri Gagarine, en 1961. La version actuelle, Soyouz 2, est dérivée de ce premier modèle.
Quel rapport avec l'Europe ?
L’histoire remonte à la fin des années quatre-vingt : l’empire soviétique éclate et son industrie spatiale menace de faire faillite. Les Français décident de reprendre Soyouz. Une société russo-européenne est créée en 1996 : Starsem.
Depuis quinze ans, c’est elle qui commercialise Soyouz, autrement dit qui propose le lanceur aux clients pour envoyer leurs satellites dans l’espace, à partir de la base de Baïkonour, au Kazakhstan.

Pourquoi lancer la base de lancement de Guyane ?
Kourou est 5° de latitude au-dessus de l’équateur, la vitesse de rotation de la Terre y est de 1 670 km/h alors qu’à Baïkonour, à 45° de latitude Nord, elle est de 1 160 km/h seulement.
Depuis Kourou, il est donc bien plus facile d’échapper à l’attraction terrestre. Ainsi, Soyouz peut envoyer une charge de 3 tonnes en orbite géostationnaire ; au lieu d’1,7 tonne à Baïkonour.
Kourou comme base de lancements from © CNES/SapienSapienS on Vimeo.
Comment a été adapté Kourou au lancement de Soyouz ?
Il a fallu 6 ans pour construire et tester les nouvelles installations, environ 500 millions d’euros, 600 ouvriers et ingénieurs français et russes, 35 000 m3 de béton...
Parmi les points clés, le carneau : un énorme trou creusé dans le granit, de 28 m de profondeur sur 146 m de large, en forme de coquille Saint-Jacques.
Son rôle ? Canaliser les puissants jets de gaz brûlés lors du décollage pour éviter un choc acoustique qui endommagerait le satellite. C’est l’exacte réplique de celui de Baïkonour… qui a fait ses preuves depuis 1957 !

Où sont construits les lanceurs Soyouz ?
Ils sont conçus en Russie, et chaque étage est transporté en conteneurs jusqu’à Kourou (comme Ariane, fabriquée, elle, en Europe). Trois semaines de périple pour parcourir 11 300 km en train, cargo et camion.
La première campagne de lancement en Guyane a débuté le 18 août 2011, avec un décollage prévu le 20 octobre.
Comment se déroule un lancement ?
Pour chaque lancement, les étapes sont les mêmes. Les trois premiers étages du lanceur sont assemblés à l’horizontale puis amenés 650 m plus loin, par voie ferrée, jusqu’au pas de tir où l’ensemble est redressé et posé sur son système de lancement.
Un portique de 53 m de haut vient alors recouvrir le lanceur qui est ensuite équipé de son précieux "quatrième étage", celui qui contient le satellite. Ce portique est enlevé une heure avant le décollage.
Et après ?
Le lancement suivant est prévu en décembre avec un second modèle de Soyouz 2.
Ensuite, si tout se passe bien, tous les lancements de satellites commerciaux de Soyouz partiront de Kourou. Certains imaginent déjà des vols habités. Pourquoi pas ? La navette spatiale américaine étant à la retraite, seul Soyouz peut envoyer des hommes dans l’espace. Mais jusqu’à nouvel ordre, Baïkonour reste le point de départ pour ce type de voyage. Par ailleurs, la Nasa compte reprendre les vols habités dès 2021, grâce à son nouveau projet de fusée géante : "Space Launch System".
En savoir plus :
- Visitez la base de lancement de Soyouz : une animation à 360° !
- Des photos sur la campagne de lancement, sur le site de l'ESA
- Une campagne de lancement en Guyane, avec notre animation
- A podcaster sur le site de Ciel & Espace : "Soyouz en Guyane, la nouvelle vie d'une fusée de légende"
- Galileo : mise en orbite des 2 premiers satellites, un article sur le site cnes.fr