11 Mars 2016

Y-a-t-il des vaches sur Mars ?

Premier élément de la mission européano-russe ExoMars, la sonde TGO va décoller de Baïkonour, en Russie, ce 14 mars. Son objectif : chercher des traces de gaz en très faible quantité dans l’atmosphère de Mars, en particulier du méthane.

Le méthane est un gaz qui peut être produit par une source biologique. Il est fabriqué par exemple par les bactéries qui font fermenter l’herbe dans l’estomac des vaches. C’est pourquoi on accuse les vaches de roter du méthane !

Plus sérieusement, la présence de ce gaz sur Mars pourrait donc témoigner non pas de la présence de ruminants sur la planète rouge, mais de celle d’une forme de vie microscopique. 

Ce gaz peut aussi être produit par une réaction chimique entre du gaz carbonique (CO2) et de l’eau à haute température (qui serait liée à des zones chaudes d’origine volcanique dans les profondeurs du sous-sol par exemple). En ce cas, sa présence sur Mars pourrait être favorable à l’existence de zones sous-terraines chaudes, et si ces zones sont humides elles constitueraient… des environnements propices la vie. 

La preuve attendue

Le méthane est donc la cible n°1 de la sonde TGO (Trace Gas Orbiter) de l’Agence spatiale européenne. Des observations passées, réalisées depuis la Terre, mais aussi par la sonde européenne Mars Express en 2004, puis par le rover Curiosity en 2014, ont en effet détecté de très faibles quantités de méthane.

Ces mesures sont insuffisantes, en quantité et en fiabilité, pour attester définitivement de sa présence et surtout pour comprendre son origine, mais ces indices ont excité la curiosité des scientifiques. 

Aujourd’hui, les instruments européen Nomad et russe ACS, embarqués sur TGO, sont capables de déceler une quantité même infime de méthane, mais aussi d’autres gaz tels que la vapeur d’eau ou le dioxyde de soufre.

« Détecter ces éléments serait riche d’enseignements sur l’activité de la planète », indique Francis Rocard, astrophysicien au CNES. Ils nous renseigneraient plus finement sur la composition et la structure de la planète. Francis Rocard attend aussi d’autres avancées de la mission ExoMars.

« Ce premier lancement prépare la voie au second volet de la mission, en 2018. Un robot européen partira alors sonder le sous-sol martien à la recherche de traces de vie
anciennes
. » 

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Les instruments de TGO permettront des mesures fines, dans les différentes couches de l’atmosphère (de 10 km à 110 km d’altitude) et d’étudier leurs évolutions spatiales et saisonnières. Crédits : ESA/D.Ducros


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L’atterrisseur européen Schiparelli est un démonstrateur. Il ne fonctionnera que quelques jours. Crédits : ESA/S. Corvaja

Les européens se posent sur Mars

La mission ExoMars 2016 enverra sur la planète rouge un atterrisseur expérimental, baptisé Schiaparelli. Ce démonstrateur ne fonctionnera que quelques jours. Son objectif est de démontrer que les Européens maîtrisent les technologies très complexes de l’atterrissage sur Mars. Il permettra dans le futur l’envoi de missions plus ambitieuses en lien avec un retour d’échantillons martiens. Schiaparelli validera la procédure d’atterrissage et servira à tester les communications entre l’atterrisseur, la sonde et la Terre.