5 Décembre 2019

Petit satellite et grandes ambitions

Il sera le 5e satellite du programme JANUS à prendre son envol. Le CubeSat EyeSat doit décoller ce 17 décembre 2019 à bord d’une fusée Soyouz. Un engin d’environ 4 kg qui a permis à 250 étudiants de mener une mission satellitaire de bout en bout, comme de véritables ingénieurs spatiaux.

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Les jeunes ingénieurs en CDD de l'ISAE-SUPAERO s'entrainent à opérer EyeSat, avec les services du CNES. Crédits : Isae-Supaero/G. Roux

« On est parti de zéro. Aujourd’hui, le satellite est prêt à s’envoler… A quelques jours du décollage, c’est clair, le stress monte. » Antoine Ressouche est le responsable système du CubeSat EyeSat, un nanosatellite d’astronomie de 4 kg. Lorsque le projet a été lancé en 2012, Antoine n’était pourtant qu’étudiant, en stage au CNES.
EyeSat est un projet du programme JANUS (voir encadré) qui permet à des étudiants de mener des missions spatiales comme de véritables ingénieurs. De bout en bout. 250 stagiaires se sont ainsi succédés au CNES pour travailler au développement d’EyeSat. Antoine, lui, a été embauché à l’IRAP (Institut de Recherche en Astrophysique et Planétologie) puis à l’école ISAE-SUPAERO pour terminer cette mission. Il a passé quelques jours à Kourou, fin novembre, pour participer à l’intégration du nanosatellite dans la fusée. Le 17 décembre 2019, jour du lancement, il sera dans les locaux toulousains de l’ISAE-SUPAERO, qui accueille le centre de contrôle de la mission. « Il faudra alors que je vérifie l’état de santé du satellite, température, tension électrique… pour voir s’il est prêt pour commencer sa mission ». A savoir l’étude de la lumière zodiacale, ces rayons du soleil qui se réfléchissent sur les poussières qui flottent dans l’espace entre les planètes.

« Que l’on ne me parle pas de projet étudiant »

EyeSat est le 5e nanosatellite de JANUS à prendre son envol. « Et toutes ces missions ont été un succès », se félicite Alain Gaboriaud, responsable du programme au CNES. Car même si EntrySat n’a fonctionné que quelques jours, l’objectif pédagogique a été atteint.
Matthieu Compin est le Directeur technique du Centre Spatial Universitaire de Toulouse. « Ici, au centre de contrôle d’EyeSat, nous avons une connexion directe avec le réseau d’antennes du CNES. Nous sommes connectés au CNES ! » sourit-il. Un détail mais qui prouve le professionnalisme du programme. « Nous n’avons pas les budgets des missions telles que CHEOPS, poursuit Matthieu, mais nous travaillons avec la même rigueur. Et nous prenons des risques. Nous pouvons ainsi tester en conditions réelles des technologies innovantes, et en tirer des enseignements qui serviront aux industriels et aux agences spatiales. Alors qu’on ne me parle plus de projets étudiants ! Nous sommes de véritables acteurs du New Space, travaillant à diminuer les coûts, les volumes, les consommations. » Pour Alain Gaboriaud, JANUS a ainsi permis de créer un nouvel écosystème dans le développement des nanosatellites.

Un écosystème vertueux

Pour les étudiants, le programme JANUS est un argument de taille sur leur CV, les entreprises appréciant ces jeunes salariés déjà formés à la culture spatiale. C’est aussi un moyen d’appréhender le monde professionnel de manière inédite. « Travailler sur EyeSat m’a permis de m’intéresser à tout : électronique, thermique, management technique, budget… assure Antoine. J’ai appris énormément au contact des professionnels du CNES qui nous ont encadrés. Cela responsabilise. Pour moi, cela m’a même permis d’aller encore plus loin et de me lancer dans l’aventure entreprenariale. »
Antoine a en effet cofondé U-SPACE, entreprise spécialisée dans l’ingénieurie des CubeSats.

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Antoine Ressouche travaille sur EyeSat, nanosatellite constitué de 3 unités cubiques faisant chacune 10 cm X 10 cm. Crédits : à dr : CNES/LE BRAS G.


Vis ma vie d’ingénieur   

JANUS est un programme initié par le CNES en 2012, et dont ont déjà bénéficié plus de 2000 étudiants partout en France. L’idée est de permettre à ces jeunes de se mettre dans la peau d’ingénieurs, pour développer un projet satellitaire de bout en bout : de sa conception au lancement et au suivi de la mission en orbite. Il s’agit de CubeSats, de petits satellites cubiques dont la masse ne dépasse pas 15 kg.
Le CNES met ainsi à disposition ses experts, ses moyens d’essai et finance tout ou partie les projets. Plus d’une dizaine d’écoles et d’universités participent au programme : Universités de Montpellier, d’Aix-Marseille, de Paris Sud Cachan, de Grenoble, de Nice Côte d’Azur, les universités Paris Diderot, Pierre et Marie Curie, Paris Est Créteil et les écoles ISAE-SUPAERO, Polytechnique, les Mines de Paris et ELISA (Université de Lille).